Être abandonné signifie être laissé de côté, éloigné, aliéné. Le traumatisme d’abandon touche de nombreuses personnes, voire la majorité d’entre elles.
« Être » abandonné et « se sentir » abandonné sont deux choses différentes. La première se rapporte à la réalité extérieure et la seconde à ta réalité intérieure.
Peinture : William Bougouereau, Les joies d'une mère
« Être » abandonné veut dire que quelqu’un t’a abandonné, et quand tu te « sens » abandonné, c'est quand tu as eu affaire à quelqu’un qui t'a juste donné cette impression. Cette personne ne t’a peut-être pas délaissé, c’est toi qui ressens cela, ce sentiment n’a rien à voir avec la réalité objective.
Le trauma d’abandon s’active en général lors de l’enfance, dans la relation avec maman et papa. Il peut s'agir d'un moment où l'un d'entre eux s'est éloigné de toi pendant quelques heures, jours ou années. Plus l’absence est longue, plus le traumatisme d'abandon est grand. Tu as vécu cette période comme une absence totale de sens et de valeur, tu t’es senti sans importance, impuissant, mal aimé, vide, vulnérable et oublié. Soudainement, tes parents sont devenus des étrangers et tu es tombé dans un état de possession par des forces inconnues, effrayantes et incontrôlables.
Pendant notre enfance, nos parents jouent le rôle de repères lorsque nous avons besoin de manger, dormir, rire, jouer ou explorer notre environement. S'ils sont là pendant ces activités, cela signifie que nous sommes validés dans l'existence, grâce à leur regard et à leur aide, nous apprenons le « comment » et le «pourquoi ». Apprendre le « comment » et le « pourquoi », c'est construire un sens, le sens de « l'être » et du « moi » qui prend toutes sortes de couleurs. En revanche… si aucun des parents n'est là et tu te construis avec ces « forces inconnues » dont je parlais au départ, ce « moi » intérieur sera gris, et les lumières éteintes. C’est le trauma d’abandon : la vie n’a pas de sens, car personne n’était là .
Roxana Mihalache