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J'aurais aimé pouvoir dire que j'ai eu un parcours tranquille et imperturbable dans lequel j'ai baigné mes fantasmes colorés et légers sur le « comment j'aurais aimé que ça se passe », mais cela n'a pas du tout été le cas, et tant mieux !

 

J'aimerais pouvoir dire que je n'ai vécu que dans l'amour et la tendresse, mais cela n’a pas été le cas. J'ai été secouée par la violence de la vie et des autres (surtout celle de la famille, hein ?) et ce qui m'a fait avancer, oui… c'est l'amour que j'ai reçu en quantité bouleversante  de mes parents, et que j’ai continué à porter en moi, comme dans ce film « La guerre du feu », dans lequel les hommes primitifs venaient de découvrir le feu et se battaient dessus pour l'entretenir et le donner aux autres. Ils parcouraient un long chemin avec ce feu à la main et ils ne savaient pas qu'ils pouvaient le rallumer à tout moment, ils ne savaient pas que le feu était toujours à portée de main, ils n'avaient pas encore appris à être " autonomes en feu". C'est comme ça que j'étais moi aussi, j'avançais avec un feu qui m’avait été donné et qui était fragile, jusqu'à ce que j'aie appris à faire mon propre feu.

 

J'aimerais pouvoir dire que j’ai vécu dans une famille équilibrée et paisible, mais ils n'étaient que aimants, et non pas paisibles et équilibrés. Et je me demandais comment peut-il y avoir autant d'amour et de violence en même temps dans une famille ? Et c’est ainsi que j’ai appris à voir l’amour au-delà des apparences, c’est-à-dire à le ressentir même si, à la première vue, on aurait l’impression qu’il n’est pas là, alors qu’en réalité il l’est. Comme un aveugle qui ressent la lumière et la chaleur du soleil, il sait qu’il est là même s'il ne peut pas le voir. Par contre j'ai longtemps lutté avec et contre le complexe du sauveur, de nombreuses années même après que je n'ai plus été avec eux, parce que bon... les fantômes de la famille sont les plus fidèles. Si tu as l'impression de manquer de loyauté dans ta vie, il suffit de te connecter aux fantômes de la famille et ils seront toujours là pour toi, pour le meilleur et pour le pire, comme dit le folklore.

 

J'aurais aimé pouvoir dire que j'ai eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec eux, comme le font de nombreuses familles aimantes dans les apparences ou non, mais cela n’a pas été le cas. Je me suis séparée d'eux très tôt et plus loin, j'ai été témoin de leur décadence et de leur autodestruction, puis plus tard de leur mort. J'ai donc appris à devenir ma propre mère et mon propre père, et dans cette douleur de perdre mes parents j'ai ressenti un grand sentiment de libération, car je n'étais plus la fille de quelqu’un, désormais je m'appartenais, et il faut dire aussi que j'ai eu une chance gagnée à la loterie de l'univers de pouvoir accompagner ma mère dans la mort et d’entendre sa dernière phrase "maman t'aime".

 

J'aimerais pouvoir dire que j'ai vécu l'amour fusionnel, extatique et intrépide, dans les bras duquel on se jette et il n'y a plus rien sur terre, cet amour rêveur dans lequel on s'enivre dans les bras de l'autre, qui remplit nos cellules et dans lesquelles le temps et l’espace n’existent plus, où tu as l'impression d'être immortel. Oui, j'aimerais pouvoir le dire, parce que je l'ai vécu, mais pas sans descendre dans mon propre enfer intérieur, pas sans son équivalent, à savoir la douleur de la séparation et sa déchirure qui est sœur de la mort.

 

C'est ainsi que j'ai appris que c'est seulement dans l'amour qu'on peut naître aussi bien qu'on peut mourir, et qu’il faut en mourir....mais ce n'est pas quelque chose dont il faut avoir peur, car c’est plutôt une bénédiction qui m'a appris l'amour de soi. On dit qu'on ne peut pas aimer un autre si on ne s'aime pas soi-même, mais si, c'est possible, parce que l'on aime en lui ce que l'on ne voit pas réellement en soi. Et même si cela semble être le cas, que certaines personnes ne s’aiment pas du tout, au fond si elles s'aiment, mais elles ne le voient pas. L'amour de soi leur est caché, comme le soleil est caché aux aveugles, et elles le cherchent chez les autres pour se souvenir d'elles-mêmes.

 

Dans mes vingt ans, j'aurais aimé pouvoir dire que je suis devenue « psy » très tôt, car cela ferait bonne figure devant la société qui nous veut avec un diplôme précoce et une expérience de vie déjà assimilée, mais je ne peux pas le dire, heureusement !

 

Il m'a fallu encore bien des années pour rompre avec les idées préconçues de mon orgueil, me perdre, m'intégrer et m'adapter, mourir et renaître, vivre les deuils et les ruptures, l'engagement envers moi-même et mes rêves, l'assumer de mon propre bonheur (tellement énervant ! ), la rencontre avec mes propres peurs et souffrances à qui je pensais avoir dit bye bye depuis longtemps, mais qui étaient toujours là et qui se moquaient de moi dans le noir « regarde-la, elle pense que tout n'est que peace and love hahahaha » bim ! ahhh….non ?! euuuh….oké.

Il m'a fallu encore de nombreuses années de vie dans l'insouciance et l'aventure, pour équilibrer toutes ces années d'adolescence où j'ai dû devenir ma propre mère et mon propre père, parce que bon... il fallait bien que je me venge d'une manière ou d'une autre.

 

Et c'est ainsi que j'ai appris à faire la paix avec de nombreuses parties de moi-même et j'apprends encore, c'est ce que j'aime apporter au cœur de tous ceux qui viennent me voir… paix, attention, chaleur, écoute, libération et retrouvaille avec eux-mêmes... ou du moins, j'essaie.

 

Parce que c'est ce que j'ai reçu au début, c'est ce que j'ai perdu et retrouvé plus tard, et c'est ce que je souhaite retransmettre

 

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