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L'Homme et le Temps

Dernière mise à jour : 26 juil.

Il fut un temps, pas si lointain, où voyager d’un lieu à un autre demandait patience et endurance. Les moyens de transport étaient bien différents : lents, parfois capricieux. L’Homme chevauchait des chevaux, s’installait dans des calèches bringuebalantes, voguait sur des bateaux à voiles dépendant des caprices du vent, ou marchait simplement, un pas après l’autre, sur des chemins sinueux.


Et lorsqu’il entreprenait ces voyages, il affrontait mille épreuves. La nature, tantôt douce et bienveillante, tantôt rude et implacable, le mettait à l’épreuve. Il devait trouver des solutions, s’adapter, se surpasser. Parfois, le soleil l’accompagnait de ses rayons chaleureux, les oiseaux chantaient à ses côtés, les papillons dansaient autour de lui, et les fleurs semblaient saluer son passage. D’autres fois, les vents contraires, les pluies battantes ou les montagnes escarpées lui rappelaient sa fragilité face à l’immensité du monde.


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Chaque voyage, d’un point A à un point B, était bien plus qu’un simple déplacement. C’était une quête initiatique, un cheminement intérieur. Les obstacles rencontrés sur la route reflétaient souvent ceux qu’il portait en lui-même. Chaque détour, chaque imprévu devenait une leçon, une opportunité de grandir. Le temps, ce compagnon insaisissable, lui permettait d’absorber ces expériences, de les transformer en sagesse. L’Homme se construisait au fil de son périple, se confondant avec la nature et le temps. La destination finale n’était jamais un lieu extérieur, mais bien lui-même, façonné par le voyage.


Dans les contes, on retrouve souvent ces voyageurs courageux. Ils traversent montagnes et vallées, se nourrissent de ce que la nature leur offre, affrontent dragons et créatures fantastiques. Ils se reposent à l’ombre des arbres, se guident grâce à la lumière de la lune et aux étoiles scintillantes, et écoutent les murmures des rivières. Le chiffre sept revient souvent : « Ils marchèrent sept mois, traversèrent sept villes et sept fois sept villages, franchissant de grandes eaux et d’innombrables ruisseaux. » En numérologie, le chiffre 7 symbolise la quête de vérité, mais aussi l’ermite, celui qui s’aventure seul dans un voyage initiatique.


Aujourd’hui, l’Homme voyage autrement. Il part d’un point A pour atteindre un point B à toute vitesse. Son regard effleure à peine la nature et les gens qui l’entourent. Il ne s’arrête plus, ne contemple plus. Obsédé par sa destination, il oublie le chemin. Le temps, autrefois allié, est devenu un ennemi qu’il cherche à dompter. Mais en croyant « gagner du temps », il perd l’essentiel : le présent.

Autrefois, le voyage permettait de vivre pleinement les trois dimensions du temps : le passé, le présent et le futur. Aujourd’hui, cet équilibre est rompu. L’Homme, prisonnier de ses pensées, oscille entre regrets du passé et anxiété pour l’avenir. Il avance, mais ne vit plus. Et lorsqu’il atteint sa destination, que lui reste-t-il ? A-t-il vraiment mérité ce qu’il trouve au bout du chemin ?

Dans les contes, le voyageur qui surmonte les épreuves reçoit un élixir à la fin de son périple. Cet élixir, symbole de renouveau ou de connaissance, est une récompense pour son courage et sa persévérance. Mais l’Homme moderne, emporté par la vitesse et l’agitation, oublie de chercher cet élixir. Il avance, tourmenté, sans savourer le chemin.


Dans cette course effrénée, rien ni personne ne peut être pleinement compris ou aimé. Et si, en réalité, nous ne vivions pas dans notre époque, mais en dehors d’elle ?




Roxana Mihalache

 
 
 

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