La relation dominant / dominé

La relation entre un dominant et un dominé existe tant qu’il y a un dominé qui n’est pas conscient de son pouvoir. Rien de nouveau sous le soleil, hein ?

Un dominant, c'est quelqu’un qui te déprive de quelque chose par la force, la manipulation, l’intimidation et/ou la séduction. De quoi il te déprive ? De ton estime de toi, ta joie de vivre, ta confiance, ton autorité personnelle, ta capacité à faire des choix par toi-même, ta volonté, ton enthousiasme, etc.

Quand on veut dépriver quelqu’un de quelque chose, c'est parce qu’en général, on pense que ce quelque chose nous manque. On en a besoin, on le voit à l’extérieur et on le veut. Le dominant pense que lui ne possède pas ces qualités, - ou en tout cas n’en est pas conscient - alors il va aller les chercher chez quelqu’un d’autre, donc à l’extérieur de lui. Comme ces qualités sont volées chez une autre personne, le dominant ne peut jamais être rassasié puisque ces qualités ne lui appartiennent pas naturellement. Il faut qu’il fasse « le plein » tout le temps, à chaque fois que les ressources « volées » sont épuisées. On parle souvent des « complexés de pouvoir » de ceux qui n’en ont jamais assez. C’est normal de ne pas avoir assez quand je vais chercher à l’extérieur, parce que je suis « dépendant de l’autre ». Le dominant est dépendant de la personne qu'il domine.

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Ce phénomène est un mécanisme de défense qui s’appelle « introjection ». L’introjection est un processus inconscient par lequel une personne cherche à s’emparer des qualités/éléments extérieurs à lui. Il veut les introduire à l’intérieur de lui comme si elles en faisaient partie. De nombreuses tribus, lors de certains rituels ou rites de passage s’habillent de la peau de certains animaux pour avoir comme ils disent « la même force » que l’animal respectif. Parce que cela leur porte chance, leur donne du courage, etc. Ils se laissent comme « posséder » par l’esprit de l’animal.

Et pourquoi l’introjection est donc un mécanisme de « défense » ?

Dans ce cas-là, le dominant a une quête, la quête de la conquête de soi qu’il entreprend en allant se « chercher » lui-même à l’extérieur. Lorsqu’il se cherche à l’extérieur il est constamment en train de s’expulser de lui-même. C'est-à-dire que pendant ce temps-là, lui, ne regarde pas à l’intérieur de lui, car il est trop occupé avec l’autre. C’est une forme d’évasion. Alors, de quoi ce mécanisme le protège ? De lui-même, de la peur d’affronter son propre vide intérieur et son manque de pouvoir personnel. C’est une confrontation qui serait trop pénible et coûteuse, car elle mettrait en cause tout un système jusqu’alors construit.

La relation dure tant que la personne dominée reste inconsciente de son pouvoir personnel, c'est-à-dire que c’est une relation qui repose sur son endormissement. Une fois qu’elle est réveillée, la personnalité du dominant s’écroule comme un château de cartes.

Bien évidemment, on pourrait se demander pourquoi quelqu’un se laisse dominer par un autre ? Parce que lui aussi ne sait pas qui il est, il est à la recherche de lui-même, mais lui, contrairement au dominant, croit qu’il n’a « aucun pouvoir ». Le dominant lui, pense qu’il a toujours le pouvoir et se croit fort et puissant.

Pensant donc qu’elle n’a aucun pouvoir à l’intérieur d'elle, la personne dominée est aveugle et projette sur un autre ses propres qualités. La projection est un autre mécanisme de défense qui consiste à projeter à l’extérieur de soi des éléments/qualités qui nous appartiennent, mais que nous pensons appartenir à l’autre. En projetant son pouvoir et ses qualités à l’extérieur sur le dominant, la personne dominée est constamment mise dans la situation où elle lutte contre son propre pouvoir, mais « extériorisé ». Elle se mesure donc avec elle-même, et ce pouvoir finit tôt ou tard par opérer une transformation jamais vue chez elle auparavant. C’est une transformation qui a été enclenchée par le processus de projection, puisqu’une projection est là pour qu’on la « voit ». Si nous ne voyons pas les choses à l’intérieur de nous-mêmes, elles prennent forme à l’extérieur de nous, et c’est bien nous qui les appelons.

Roxana Mihalache