À propos des gens trop bons
- Roxana Mihalache
- 22 mai 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juil.
Les personnes qui sont « trop gentilles » sont souvent celles qui pansent les plaies des autres, qui donnent leur chemise et tendent l’autre joue, bien trop souvent. Elles agissent ainsi pour que tout aille bien et que « tout le monde soit content ». Ce sont des passionnées du bien, des martyrs du destin. Elles veulent aider tout le monde, donner de leur trop-plein, être présentes quand on a besoin d’elles, et même quand ce n’est pas nécessaire.
En réalité, ces personnes ressentent un besoin profond de validation extérieure. Leur altruisme compulsif est une manière de s’autovalider. En aidant, elles renforcent leur propre sentiment de pouvoir et de savoir. L’autre va mieux, et c’est « grâce à elles ». C’est comme si elles se portaient volontaires pour passer au tableau devant la classe, sûres d’obtenir une bonne note pour leur initiative et leur connaissance.

Cela ne signifie pas qu’il est mal de vouloir faire le bien ou d’être bon. Ce qui pose problème, c’est le désir compulsif de toujours vouloir faire le bien, car ce désir est souvent mal canalisé. Vouloir constamment aider est un extrême, et tout extrême peut devenir toxique. Toxique pour soi, mais aussi pour les autres.
Pour soi, cela devient toxique parce que l’équilibre entre « donner » et « recevoir » n’est pas respecté. Ces personnes n’ont pas suffisamment développé leur conscience de soi et leur autonomie. Pour les autres, cela devient problématique lorsqu’ils n’ont rien demandé. En insistant pour aider, on peut infantiliser les autres, les empêchant d’apprendre et de grandir à travers leurs propres expériences. Intervenir, c’est parfois interrompre un processus intérieur, une réflexion personnelle sur le « pourquoi » et le « comment ».
Les personnes « trop gentilles » ont souvent du mal à être seules. Elles se précipitent pour aider les autres, car elles souffrent d’une dépendance affective. Leur identité repose sur le regard et les réponses des autres. Être toujours disponibles pour autrui devient une échappatoire, un moyen d’éviter de se confronter à elles-mêmes.
Souvent, cette gentillesse excessive trouve ses racines dans des croyances religieuses ou morales inculquées dès l’enfance, qui les ont « condamnées » à la bonté. Elles craignent des tortures morales ou spirituelles si elles ne se conforment pas à ces idéaux.
Ces personnes sont en réalité terrifiées par leurs ombres intérieures. Elles consacrent toute leur énergie mentale et émotionnelle à lutter contre leur propre « mal » intérieur. Par exemple, elles évitent les conflits à tout prix, car cela « ne se fait pas ».
C’est pourquoi beaucoup de personnes « trop gentilles » finissent par faire trop de compromis ou par entretenir des relations avec des individus dits « toxiques ». Ces relations leur enseignent des leçons importantes sur la conscience de soi et l’estime de soi. Les personnes toxiques, qui abusent des autres, brisent leurs barrières et exigent toujours plus d’attention et de ressources, jusqu’à épuisement. Elles ne donnent que peu en retour, et rien n’est jamais suffisant pour elles. Les personnes « trop gentilles », quant à elles, pensent toujours avoir « assez » à donner, car elles veulent sauver le monde.
Cependant, cette dynamique peut devenir un miroir. Les personnes toxiques obligent les « trop gentilles » à se regarder en face, à travers l’expérience douloureuse de la perte de leurs ressources et de leur identité. Ces relations leur apprennent à poser des limites, à dire « non » et à équilibrer leur vie.
Apprendre à dire « oui » et « non » au bon moment est essentiel. Les personnes « trop gentilles » ont souvent accumulé une dette de « non », et la vie finit par leur imposer un grand « non » pour rétablir l’équilibre.
Roxana Mihalache
Commentaires