Les personnes qui souffrent de la blessure d’abandon ressentent souvent un vide intérieur, comme si elles n’habitaient pas pleinement leur corps.
Elles ont une nostalgie d'un lieu ou d'une personne, qui les accompagne toujours et qu’elles ne savent pas expliquer. Il s'agit de la nostalgie de l'incomplétude, de la connexion qui était censée être établie et qui ne l'a pas été. Elles attendent toujours quelque chose ou quelqu'un qui leur manque.
C'est difficile pour ces personnes d'agir, et même quand elles le font, elles ont l'impression que « ça ne sert à rien », « ça ne mène nulle part », « ça n'a pas de sens ». Il leur est difficile de s'occuper de leur personne, car à l’intérieur, elles attendent toujours que quelqu’un d'autre s'en occupe. Ce quelqu'un est cette mère ou ce père du passé qui devait en prendre soin et ne l'a pas fait. Quelque chose en elles pleure tout le temps. Leur apparence est quelque peu négligée et donne le sentiment qu'« il faut en prendre soin ».
Photo : Heidy Lamarr
La personnalité est manipulatrice et charismatique, afin d'obtenir l’objet désiré et donner l’impression que les gens sont toujours là et qu'ils ne les ont pas abandonnées.
Elles sont très attachées à leurs souhaits et veulent que les autres réalisent leurs désirs à tout moment, à chaque fois qu’elles le demandent. Nous avons affaire à des personnes immatures émotionnellement, puisque le dévéloppement psychologique s’est arrêté à cet âge précoce où elles ont subi l'abandon.
Étant si attachées à leurs désirs et à leurs besoins, il leur est difficile de se mettre à la place des autres et de réaliser que les autres ont aussi leurs propres désirs, vies et idées. Différentes des leurs.
Se mettre à la place des autres et se rendre compte que les autres ont des vies « différentes » signifie pour ces personnes, une séparation, et donc un abandon. Une vie différente de celle de l'autre signifie une vie dans laquelle elles n'ont pas de place dans la vie de l'autre, car elles sont « laissées de côté » .
Les personnes qui souffrent d'abandon aiment ou être en fusion avec les autres, ou s'enfuir au moindre signe d'amour et de fusion. Dans le premier cas, la fusion leur donne ce sentiment extatique d'union avec l'autre où elles ne sont « jamais abandonnées », puisque dans la fusion l'autre est « toujours avec moi ». Dans le deuxième cas, c’est l’autre extrême : au premier signe de fusion, elles peuvent s'enfuir sans explication ou saboter la relation, car la possibilité d'une séparation réveille les souvenirs de l'abandon initial. Ce sont des personnes qui vivent souvent dans les extrêmes, elles sont tantôt chaleureuses tantôt froides, leur vie émotionnelle est comme les montagnes russes. Elles abandonnent elles-mêmes souvent leurs proches, que cela soit physiquement ou émotionnellement, elles ne sont pas « là ».
Faire des choses seules est très difficile, elles préfèrent être accompagnées, de la même manière qu’on accompagne un enfant dans différentes activités. Lorsque les autres ne répondent pas à leurs souhaits, elles font toutes sortes de caprices ennuyeux destinés à pousser l’autre à bout ou à le culpabiliser pour qu’il cède. Tel des enfants, elles font recours au chantage émotionnel.
Ce sont des victimes perpétuelles, elles se plaignent souvent du monde, de la vie, de la société, de Dieu. Les autres sont responsables de leur malheur, elles ont un faible sens des responsabilités envers elles-mêmes et leurs actes.
Elles cherchent à attirer constamment l'attention des autres, par des actions destructrices, afin que les autres en prennent soin.
La plupart du temps, les personnes qui souffrent de la blessure d’abandon ont des trous de mémoire concernant leur enfance, lorsqu'on leur demande comment a été leur enfance, elles disent qu’elles « ne se souviennent pas de grand-chose ». En effet, l'abandon prend naissance dans l'enfance et tout ce qui s'y rapporte a été oublié, c'est un mécanisme de défense.
Elles ont un faible sentiment de gratitude envers la vie et envers l’aide perçue des autres. Vu qu’elles vivent avec un vide intérieur, l'aide qui leur est proposée n'est jamais « suffisante » ni appréciée à sa juste valeur. Si une personne les a beaucoup aidées et qu'une fois, elle n'a pas pu être là pour elles, elles diront et sentiront que cette personne « ne les a jamais vraiment aidées » et qu'« on ne peut pas compter sur elle ». L’entourage de ces personnes finit toujours par se sentir epuisé et agacé.
Ces personnes ne sont pas connectées à leurs ressources intérieures, car elles ne peuvent pas descendre dans leur monde intérieur pour se connaître, c’est pourquoi elles utilisent les ressources des autres.
Dans la grande majorité des cas, les personnes qui souffrent d'abandon souffrent également de toutes sortes d'addictions, comme l'alcool, les drogues, le sexe, et surtout les fameuses addictions affectives.
Elles n’ont pas de limites émotionnelles saines et bien établies, et la plupart du temps, elles violent les limites des autres. C'est des personnes dont on peut dire qu’elles sont « envahissantes », qu’elles n'ont pas un minimum de « bon sens » ou de « respect » pour autrui et pour leur intégrité personnelle. S’il n’y a pas de limites, cela veut dire qu’il n’y a pas de séparation entre elles et les autres, donc pas d’abandon.
Roxana Mihalache